Le canon tonne
Le soldat qui s'étonne
Marche et ne sait
La feuille frisonne au vent d'automne
La mort fait le guet
Le canon claque
Le soldat marche et ne sait
Le soldat marche dans un cloaque
Le soleil d'automne
De ses rayons atones
Pourrit les corps qui s'endorment
Le soleil qui se tait regarde de son oeil morne
Le soldat qui ne sait
Les obus tombent
Déchirant la chair hébétée
Le soldat tombe
Emportant pour bercer son âme
Le parfum d'une femme
Et le souvenir d'une rose de mai
Le soleil qui ne sait plus où il en est pleure la mort du soldat qui marchait
Poétic 7, 1984- Écoute Urbain, je m'emmerde chez toi. Je veux aller dans la montagne !
- Nom de Dieu, tu ne vas pas me quitter, me laisser choir ! T'es pas bien ici ! L'herbe est bonne pourtant ! Tiens, si tu restes, avec l'argent du lait et des fromages je t'achèterais, à la ville, une corde plus longue. Je t'achèterais aussi de la peinture verte pour la barrière du clos et de la peinture dorée pour les barreaux de ton étable.
- Te fatigues pas Père Urbain, je veux gambader dans l'herbe haute et sentir le vent qui court jouer de la harpe avec mes cornes !
- Et le loup, hein, tu l'as oublié le loup ! Tu ne connais donc pas l'histoire de la « Chèvre de Monsieur Seguin » !
- Oh si ! Maman me l'a racontée quand j'étais petite en me disant que les petites chèvres ne doivent pas s'écarter du chemin pour brouter les pousses nouvelles. Elle m'a parlé aussi du Grand Méchant Loup qui mange les chèvres désobéissantes.
- Elle était bonne ta maman et savait s'accommoder de l'existence, ELLE !
Mais la petite chèvre en avait marre de l'herbe du pré et des sermons du Père Urbain. Elle rompit sa longe et s'enfuit à toutes jambes vers la montagne.
LÀ HAUT,
ELLE BÊLA BIEN FORT
ET LORSQUE LE LOUP ARRIVA,
ELLE LUI CASSA LA GUEULE !